Il y a longtemps, je parlais des hauts et des bas de ce métier. Plus d'un an plus tard, je me rends compte que, non seulement ça fonctionne toujours globalement pareil, mais, en plus, je me trouve de nouveaux "bas" que je n'avais pas avant.
Ils viennent de mon envie de durer dans ce métier, et donc de la pression que je me mets toute seule pour avoir une visibilité de mes sorties sur les deux prochaines années (façon "non, mais tu te rends compte ? Je n'ai que quaaaatre bouquins qui sortent en 2015...").
Ils viennent aussi du contexte économique général, et des réformes liées au statut des auteurs en particulier ("j'ai enfin fait toutes les démarches pour avoir droit à une retraite d'auteur quand le temps sera venu, et le système change, avec des points d'interrogation pas cool qui font qu'on ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangés. Est-ce que j'arriverai à vivre un jour de mon écriture ?").
Ils viennent encore d'une sorte de découragement quand j'entre dans une librairie et qu'il n'y a pas mes romans (une impression de "tout ça pour ça" qui me démoli plus sûrement qu'une critique).
Et puis, il y a les hauts, qui remontent quand même le moral, mais je me suis rendu compte que certains retours de lecteurs, qui, il y a quelques années, me faisaient bondir de joie pendant des heures, sont maintenant entrés dans mon quotidien et deviennent normal. C'est couillon, hein, mais quand on me dit qu'on aime mon travail, ben ça me fait plaisir, mais je ne trouve plus ça extraordinaire (moi aussi, j'aime mes romans, donc je comprends que d'autres puissent les aimer).
Paradoxalement, j'ai aussi pris plus de recul sur les retours négatifs : ça ne me touche plus du tout, je suis capable de répondre en souriant qu'il y a des romans pour tous les goûts et que c'est bien normal que quelqu'un n'aime pas l'un des miens.
Dans la balance "cool"/"pas cool", j'ai du mal à retrouver l'équilibre entre les moments de doute et les avis positifs des lecteurs qui n'ont plus le poids suffisant pour me remettre d'aplomb.
En fait, les avis qui pèsent le plus dans la balance, maintenant, se sont les avis de professionnels : j'ai besoin d'avoir des éditeurs qui me font confiance, qui aiment mon travail, et qui croient en moi. Dès que ça se passe bien de ce côté-là, j'ai des ailes qui poussent dans le dos !
Je me rends compte à quel point Xavier m'a habituée à un certain fonctionnement, une certaine relation auteur/éditeur. Je sais que je ne retrouverai jamais ça, en tout cas, pas de la même façon, et c'est très difficile (douloureux parfois) d'avancer sans comparer, de créer de nouveaux liens, de fonctionner autrement.
Pour l'instant, je m'en sors pas mal, mais les doutes reviennent de plus en plus souvent. Sans quelqu'un qui croit en moi plus que moi-même, j'ai du mal à avancer. En tout cas, aussi sereinement qu'avant.
Ces derniers jours, je devais me remettre aux élémentaires, avec l'objectif de relire la première moitié et corriger/réécrire la deuxième pour fin juin. Mais une vague de découragement m'a frappé de plein fouet, et je me suis mis en pause forcée. S’occuper des enfants, de la maison. Ne rien faire. Lire, jouer à la console, regarder la télé. Ne même pas allumer l'ordi "de travail" pour répondre aux mails aperçus grâce au téléphonemalin. J'attendais que l'envie revienne. Elle revient toujours.
Pour l'instant, ce n'est pas encore ça. J'ai beau savoir que dans 15 jours, les grandes vacances sonneront le glas de mes plages d'écriture en journée et qu'il vaudrait mieux pour moi carburer à fond tant que je le peux, mais j'attends l'étincelle qui va ranimer ma petite flamme d'écrivain. Ça peut-être un 'oui' pour un roman, la réponse à ma demande de bourse du CNL pour Jivana... je ne sais pas.
En fait, j'ai eu quelques trucs positifs quand même ces derniers jours (des salons qui se précisent à l'automne, une rencontre très instructive avec un club ado, des romans qui avancent à leur rythme chez "mes" éditeurs...), donc je sens que je ne suis pas très loin du coup de pied au fond de la piscine. Par contre, quand je vais le donner, ce coup de pied, je pense que je vais crever la surface de l'eau :)
(jusqu'au prochain plouf).
Je comprends toutes tes inquiétudes. L'écriture, ce n'est plus ce qu'il y a de dur dans le métier, je trouve.
RépondreSupprimerComme tu dis, ça va revenir, mais c'est clair que le climat ambiant ne donne pas vraiment la patate.
En tout ca,s je crois en toi !
Et mon loulou lit toujours SPaceleague. Ce sera son premier roman, tu te rends compte ?
Bises
<3 Heureusement qu'il y a les Topines pour croire en moi (et quand elles sont de grand talent comme toi, Syven, ça compte !!!).
RépondreSupprimerEt ça me fait chaud au cœur d'être l'auteur du premier roman de ton fils ! (en espérant ne pas le dégoûter de la lecture...)
Je comprends très bien cette phase de découragement, surtout quand elle intervient au moment de corriger / réécrire le premier jet. Il y a des fois, la motivation n'est vraiment pas au rendez-vous. Je pense que c'est une bonne chose de faire une pause, car ça permet à la passion de l'écriture de reprendre son envol.
RépondreSupprimerCourage !
Merci !
RépondreSupprimerLà, ça va déjà un peu mieux : je me suis remise au boulot... deadline oblige !