13 janvier 2020

À son image, Jérôme Ferrari





Résumé :

Par une soirée d’août, Antonia, flânant sur le port de Calvi après un samedi passé à immortaliser les festivités d’un ma­riage sous l’objectif de son appareil photo, croise un groupe de légionnaires parmi lesquels elle reconnaît Dragan, jadis rencontré pendant la guerre en ex-Yougoslavie. Après des heures d’ardente conversation, la jeune femme, bien qu’épuisée, décide de rejoindre le sud de l’île, où elle réside. Une embardée précipite sa voiture dans un ravin : elle est tuée sur le coup.
L’office funèbre de la défunte sera célébré par un prêtre qui n’est autre que son oncle et parrain, lequel, pour faire rempart à son infinie tristesse, s’est promis de s’en tenir stric­tement aux règles édictées par la liturgie. Mais, dans la four­naise de la petite église, les images déferlent de toutes les mémoires, reconstituant la trajectoire de l’adolescente qui s’est rêvée en photographe, de la jeune fille qui, au milieu des années 1980, s’est jetée dans les bras d’un trop séduisant militant nationaliste avant de se résoudre à travailler pour un quotidien local où le “reportage photographique” ne sem­blait obéir à d’autres fins que celles de perpétuer une collec­tivité insulaire mise à mal par les luttes sanglantes entre clans nationalistes.
C’est lasse de cette vie qu’Antonia, succombant à la tenta­tion de s’inventer une vocation, décide, en 1991, de partir pour l’ex-Yougoslavie, attirée, comme tant d’autres avant elle, dans le champ magnétique de la guerre, cet irreprésentable.
De l’échec de l’individu à l’examen douloureux des apories de toute représentation, Jérôme Ferrari explore, avec ce roman bouleversant d’humanité, les liens ambigus qu’entre­tiennent l’image, la photographie, le réel et la mort.

Mon avis :

Vous vous souvenez peut-être qu'au moment de mes objectifs 2020, j'évoquais le fait de faire baisser ma PAL au moyen de défis... ce roman est le premier à jouer le jeu !
Il m'a été offert par ma mère il y a au moins 6 mois, lorsque je me suis acheté un bel appareil photo (pour ceux qui l'ignorent, ma mère a fait un école de photo et a été correspondante de presse pendant des années).
J'ai donc coché deux défis de ma liste : "Lire un livre que l'on m'a offert", et "Lire un genre très différent de ce que je lis habituellement".

J'ai d'abord été destabilisée par l'absence totale de dialogue (il y a des propos rapportés qui en font office, ce qui allège quand même le texte, très dense). Le style, maîtrisé, fonctionne assez pour que les choix narratifs (allers-retours entre les funérailles et la vie d'Antonia) passent bien.
J'avais un peu peur du côté "il n'y a pas d'histoire" de la littérature blanche (heureusement, ce n'est pas le cas de tous les livres), mais comme on suit chronologiquement la vie de l'héroïne (malgré les allers-retours et les digressions), on arrive vers la fin à attendre impatiemment d'en savoir plus sur le déroulement de sa dernière journée.

C'est effectivement une histoire pour les amoureux de la photographie, on est en plein dedans. J'ai également découvert avec intérêt une ambiance corse au milieu du FLNC, qui semble très bien rendue. Et les passages en Yougoslavie aussi.

Bref, je suis contente d'être sortie de ma zone de confort. Ça ne me convertit pas totalement à la littérature blanche (faut pas pousser), mais je vois que je peux (aussi) apprécier si c'est bien fait.

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