15 février 2014

L'influence de la lecture sur l'écriture

Cela fait longtemps que je veux écrire cet article, alors allons-y !

Je ne sais pas si vous avez remarqué, si vous écrivez, mais pour moi, les romans que je lis influencent beaucoup mon écriture. 

Je ne veux pas parler de style (je suis une éponge et me laisse toujours influencer par le style de l'auteur du livre en cours : c'est pour ça que je dissocie lecture et écriture dans des périodes distinctes, sinon, ça se voit dans les romans !). Aujourd'hui, je veux m'interroger sur l'influence par rapport à la motivation.

De mon côté, je distingue trois types de romans :

* Ceux qui m'écrasent
* Ceux qui me boostent
* Ceux qui me valorisent

Je vous explique :

Les romans qui m'écrasent.

Il s'agit de tous ceux qui me font refermer le roman en me disant "oh là là, c'est trop bien, bouh ouh ouh, je n'arriverais jamais à faire aussi bien, je suis une sous-merde, je ferais mieux d'arrêter d'écrire tout de suite". (vous voyez l'idée).
Je ne sais pas exactement ce qui fait que je ressens ça, mais ça me paralyse pas mal pour l'écriture, ça, c'est sûr !

L'exemple qui me vient en tête n'est pas tout récent mais vous parlera : c'est Harry Potter. Pourtant, si on regarde bien, c'est juste un très bon cycle, mais de là à crier au génie au point de tout arrêter ? Non, objectivement, non. Alors, pourquoi cette sensation ? Je ne sais pas.

Heureusement, il y a...

Les romans qui me boostent.

Ceux-là, je les referme en me disant "oh là là, c'est trop bien, c'est exactement pour ça que je fais ce métier : pour faire ressentir des trucs comme ça à mes lecteurs, pour raconter des histoires extraordinaires, vite, remettons-nous à ce chapitre qui bloque !" (vous voyez toujours l'idée).

Je ne sais pas non plus pourquoi je ressens ça, ce qui fait la différence entre ces deux sortes de romans. Peut-être que c'est parce que dans cette seconde catégorie, j'ai l'impression d'apprendre quelque chose qui me servira plus tard ? (sur la façon de gérer un point de vue, ou sur un ton utilisé, un lien "organique" entre les différents éléments d'une intrigue... une façon de structurer, de gérer l'évolution d'un personnage, etc etc).

Je peux citer en exemple tous les romans de Robin Hobb. Quels qu'ils soient. Si j'ai un petit coup de mou, j'en lis un, et hop, je suis reboostée pour un moment (d'ailleurs, ma phase positive en ce moment vient sans doute de ma PAL qui a bien baissé de ce côté-là). Je pense aussi à des bouquins comme la série Uglies, Hunger Games, ou Chérub, qui m'ont toutes appris quelque chose sur la façon dont on peut gérer le Young Adult.

Et puis, il y a...

Les romans qui me valorisent.

Je n'ai pas trouvé de terme plus adéquat, mais, disons que quand je referme ceux-là, je me dis "ouais, bof, moi j'écris mieux que ça, et puis cette idée là était pas mal, mais pas exploitée de la bonne façon, et puis ce deus-ex machina là, et puis cette préparation qui se voit trop et retombe à plat, et puis..." (vous voyez l'idée ?).

Là, au-delà de l’œil de bêta-lectrice que j'arrive de plus en plus à mettre de côté (en tout cas, pour des romans publiés), c'est l’œil de l'auteur qui est en marche. En tant que technicienne des mots, j'attends un minimum de mes collègues, et, si ça ne me convainc pas, au moins, ça a un impact plutôt positif sur ma façon d'écrire ("moi j'écris mieux que ça" est le meilleur coup de pied aux fesses pour ajouter "d'ailleurs, je vais le prouver tout de suite").

Je ne vais pas citer d'exemple pour ne vexer aucun auteur (on ne sait jamais, si j'en croisais un en salon, je serais hyper mal) mais ça regroupe tous les romans que je n'ai pas aimé (forcément) ou ceux "pas mal, mais..." (et le "mais", en général, c'est ce que j'aurais fait différemment).

J'imagine que pour un auteur non-publié, ce genre de sentiment peut amener une réflexion du genre "tel bouquin est mauvais, alors qu'il est publié par X, screugneugneu, dire que c'est l'un des éditeurs qui a refusé mon manuscrit !". 
De mon côté, pas d'aigreur de ce genre, plutôt un espoir en me disant dans les moments de "bas", que si le bouquin Y a convaincu un éditeur malgré ses défauts, mon manuscrit Z que je trouve tout pourri a peut-être ses chances, finalement ! Ça aide à reprendre courage pour avancer encore...

Et vous ? Vous ressentez la même chose ? Vous avez vos trois catégories, ou pas ?
Des titres à partager pour échanger là-dessus ? (ça m'intéresse !).

7 commentaires:

  1. Ouais! Tout pareil!
    J'adore ton billet :)

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  2. J'ai exactement les mêmes catégories. :-D

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  3. Exactement tout pile poil pareil ! :-)
    Dans ceux qui me donnent envie de tout arrêter, il y a en premier lieu ceux de Francis Berthelot, et d'autres classiques. Souvent, ce sont parce que je les admire pour leur construction, la perfection de leur style, quand tout se met en place de manière parfaite. En fait, quand, techniquement, je sens que c'est quelque chose dont je suis encore loin (et que je n'atteindrai peut-être jamais).
    Heureusement, un jour que je faisais cette réflexion, Berthelot m'a dit que c'était n'importe quoi et qu'il ne fallait surtout pas que j'arrête parce que lui s'était souvent fait la même réflexion en lisant des classiques.
    Et que s'il s'était écouté, j'aurais jamais pu lire ce que je considère comme des chefs d'oeuvre. Ca aide à passer au-dessus <3

    Et pour ceux qui me boostent, ce sont souvent ceux dont je me sens proche (comme le YA ou la dystopie, parce que c'est ce que j'écris), encore en-dessous mais dans la même veine quand même. Par exemple : Hunger Games !

    Merci pour l'article :)

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  4. *coming out* je n'ai jamais lu Berthelot.
    Bon, il faudrait que j'essaye pour voir si ça me fait le même effet que toi !

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  5. tout pareil, mais avec les films au cinéma ! (forcement !) ;) mais tout pareil, sinon !

    Tatie P.

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  6. Je n'avais pas encore lu ton article, excuse-moi, je devais être à Berlin ! Oui, je comprends drôlement bien ce que tu dis parce que j'ai été bloquée pendant mes années d'études de lettres vis-à-vis de l'écriture, je me disais que je n'étais pas légitime. Maintenant, je me rends compte que pour être légitime, pour marcher dans l'ombre de ces grands auteurs, il faut juste travailler et encore travailler : Nabokov le dit dans son autobio, il a tellement lu et écrit, c'est normal qu'il maîtrise si bien. J'ai deux citations qui me reviennent à propos de Stendhal : « Cette improvisation sans bavardage est le fruit de 25 ans d'efforts. » / « Par des années d'exercice quotidien, Stendhal arrive à être bref en inventant. » C'est un critique, Jean Prévost qui disait ça de lui.
    Sinon, pour ma part, je rajouterai une catégorie : les livres qui me fascinent sans m'écraser, un mélange entre tes catégories 1 et 2, pour les oeuvres dont je sais que je ne pourrais jamais les écrire, parce que je ne sais pas faire (donc j'admire, les yeux brillants) mais qui ne m'écrasent pas parce que je ne veux pas aller dans ce sens-là, genre le théâtre ou les romans policiers.

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